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Egy-leaks: une prison militaire camouflée en prison civile pour Morsi

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Jeudi dernier ont surgi de vieux enregistrements de hauts gradés et de ministres égyptiens, discutant de la meilleure façon de réécrire l’histoire afin d’empêcher un abandon pour vice de forme des procédures judiciaires contre Mohamed Morsi le président déchu l’année dernière.

Si ces enregistrements sont authentiques, ce qui n’est pas certain, on y entend le général Mamdouh Chahine, proche de l’actuel président, le maréchal Abdel Fattah el Sissi, s’inquiéter d’une mise en garde du procureur général. La loi égyptienne interdit de garder un civil dans une prison militaire tant que les chefs d’accusation n’ont pas été annoncés. Or le président déchu le 3 juilet 2013, après un an au pouvoir, a passé plusieurs mois dans un lieu de détention tenu secret – où lui ont néanmoins rendu visite diverses délégations officielles, comme celle de l’Union européenne. Morsi aurait été retenu sur la base militaire d’Abu Kbir, près d’Alexandrie, avant son transfert à Borg El-Arab, une prison d’Alexandrie.

Dans ces enregistrements, le général Chahine parle à des collègues puis à Mohamed Ibrahim, le ministre de l’Intérieur, afin de falsifier les documents concernant l’arrestation et l’inculpation de l’ex-président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi. Il s’agit de changer la date et les noms de lieux.

Mais le complexe où l’ex-président aurait été détenu a aussi subi des modifications, comme on le voit en comparant les vues de Google Earth. Merci à TheBigPharaoh pour l’avoir fait remarquer! Un mur et une route ont été ajoutés (apparemment entre le mois de février et de mars, soit avant l’élection d’Al-Sissi à la présidence) sans doute pour pouvoir affirmer que le bâtiment de détention de Morsi était civil et non militaire.

Les sous-titres dans l’audio des enregistrements ci-dessous sont en anglais.

Si les enregistrements sont authentiques, ils indiquent que le bureau de Chahine était sous surveillance. Et que quelqu’un de bien placé dans les services de renseignement veut embarrasser Sissi.
Certes les enregistrements ont été d’abord diffusés jeudi dernier par des médias pro-Frères musulmans. Mais si la source de la fuite était pro-Frères, pourquoi aurait-elle attendu tous ces mois avant de faire sortir l’information?
A qui profite cette fuite?
Autre hypothèse: un général vexé de n’avoir pas été autorisé à fonder un parti pour les parlementaires qui devraient arriver en début d’année prochaine, Sami Enan. Il avait d’abord indiqué, au moment de la présidentielle de cette année, son intention de se présenter, puis s’était rétracté en faveur de Sissi.
Autre possibilité: des anciens du régime Moubarak, mécontents de voir que le régime Sissi n’est pas l’exacte répétition de l’ère Moubarak, et que leur place n’est pas garantie. Sissi n’a donné sa bénédiction à nulle coalition des hommes du parti de Moubarak, le Parti National-Démocratique, alors qu’ils auraient pu l’espérer. Sissi maintient toujours sa position de respect envers la « révolution du 25 janvier » 2011 qui a renversé Moubarak.

Vendredi, dans un double mouvement contradictoire -la justice égyptienne est coutumière des gestes ébouriffants – le procureur général a affirmé que les enregistrements étaient faux, mais qu’une enquête était ouverte pour identifier le donneur d’alerte.

Il n’en reste pas moins que, prison militaire ou non, Mohamed Morsi a été détenu pendant un certain temps avant l’apparition de tout chef d’accusation. Il est vrai qu’il est loin d’être le seul et que cela ne perturbe apparemment que les avocats. C’est pourtant ce problème, la lenteur dans la mention des chefs d’accusation, qui vient de faire abandonner les poursuites contre Moubarak au sujet de sa responsabilité dans le meurtre des manifestants de 2011.


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